Les mouvements des objets, Biffins, Saint-Ouen, 2018-2021

Commande des Regards du grand Paris, CNAP, Ateliers Medicis

Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024

Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024
Anne-Lise Seusse 2024

Les mouvements des objets. Biffins, Saint-Ouen, 2021

Notice dans le catalogue

« les regards du grand Paris »

Texte de Magali Nachtergael  édition Textuel 2022

La série s’intéresse aux objets laissés dehors la nuit, en tas, au coin des rues, ces« encombrants » qui s’accumulent sur les trottoirs au grand désarroi des promoteurs de l’ordre urbain. Pourtant, ces objets sont loin d’être statiques ou inertes. Anne-Lise Seusse suit leurs trajets nocturnes, dans les plis de la nuit, quand les biffins, roms et glaneurs de la Cité viennent récupérer, trier et recycler ce qui peut l’être. Ces chiffonniers qui faisaient le charme du vagabondage parisien au XIXe siècle ont alimenté l’imaginaire poétique du réalisme social. Dans le sillage des biffins de Saint Ouen, déchets, rebuts et installations de fortune cohabitent avec de rares portraits, qui semblent égarés dans ce désordre nocturne et coloré. Car couleurs, ambiance de nuit et effets visuels rompent avec l’imaginaire de cette économie marginale et ancrée dans la misère. Dans le polyptique Biffins.Saint-Ouen. Éclats mouvements suite, les compositions d’objets au sol montrent une variation multicolore qui s’amalgame à la dimension référentielle de l’image : comme après une fête, l’ambiance au néon rouge, les prismes lumineux et les éclairs de flashs enchantent ces éparpillements faits de bris, de jouets, de compact disc ou de chaussures solitaires. Ce bric-à-brac informe, pris au ras du sol, est documenté par la photographe qui, lampe au front, explore ces sédiments de la modernité industrielle urbaine. L’assemblage en trois cadres procède comme une exploration topographique de la rue Henri Fabre où règne une atmosphère post-apocalyptique. Au beau milieu de ce chaos de rue, une femme, yeux fermés dans un intérieur modeste et une double photographie de mariage, à la campagne, sont les seules rencontres humaines : les traits rouges, signes d’une mauvaise exposition au moment du tirage, indiquent que ces photographies ont certainement été jetées. À l’écart, les images chatoyantes et colorées de champignons accrochés à une souche coupée, indices de la « fin du monde », pourre prendre l’analyse mycologique et sociale de l’anthropologue Anna Tsing, laisse surgir l’idée d’une vie qui reprend sur les ruines du capitalisme.

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